Front uni vaut mieux que fronde unie, pour l'agriculture !

L’agriculture a besoin de tous ses acteurs pour sortir de la crise !

Il y a des grondements et des formules qui reviennent comme de vieilles rengaines dès lors que l’on aborde l’actualité brûlante et récurrente des agriculteurs face à la crise. Agriculteurs contre distributeurs ! Pourtant l’un ne va pas sans l’autre et il serait bien simpliste de vouloir résumer cette crise complexe de l’agriculture, à une équation qui dès lors est condamnée à produire un résultat négatif. Le discours est certes plus facile à porter quand il n’y a qu’un coupable à acculer, mais cette posture réduit pourtant le débat à une politique du "dos à dos" qui bouche l’horizon de toute négociation ou solution.

Alors osons prendre le temps de l’explication et de la confrontation des arguments, « parce qu’il devient vital que les acteurs se structurent et bâtissent de véritables filières structurées et solidaires. Il en va de la survie de nos agriculteurs ».

Ce qu’il faut savoir pour comprendre et discuter :

Ce qu'il faut savoir :

1/  Le prix du porc n’est pas fixé par la grande distribution mais par la confrontation de l’offre et de la demande au Cadran, le marché du porc Breton de Plérin.

 

2/ Philippe Chalmin, économiste de renom et Président de l’Observatoire des prix et des marges a été commandité par le gouvernement pour évaluer la répartition de la valeur ajoutée au sein de la filière viande. Son rapport du 6 janvier 2011 a dédouané officiellement les industriels et distributeurs d’avoir gonflé leurs marges, au grand dam de la FNSEA, comme en témoignait une dépêche AFP du 12 janvier 2011, "déçue" par ce rapport d’enquête.

 

3/ Les magasins E. Leclerc qui sont membres fondateurs de la marque Le Cochon de Bretagne payent depuis une dizaine d’années un complément de prix d’environ 2 millions d’euros par an aux producteurs adhérents.

Cette plus-value correspond à une valorisation de la qualité mais est encore loin de compenser les pertes des producteurs. Toutes les réflexions visant à augmenter cette plus-value et à la faire payer par l’ensemble de la distribution se heurtent à la loi française ou européenne, qui interdit ce genre de procédé considéré comme une "entente". Quant au fameux partage de la "valeur-ajoutée", cher aux hommes politiques et aux leaders syndicalistes, il n’y a plus qu’en Corée du Nord et à Cuba qu’on peut encore décider de partager avec son client ou son fournisseur. Dans l’économie libérale, on fixe son prix en cohérence ou en confrontation avec celui des concurrents. Leclerc en France avec Carrefour ou Intermarché, les producteurs de porc français avec les producteurs de porcs allemands, les producteurs de lait bretons avec leurs concurrents néo-zélandais.

 

4/ On peut  s’étonner de l’indifférence du syndicalisme agricole vis-à-vis des enseignes comme LIDL qui vendent eux beaucoup de porc importé d'Allemagne.

E. Leclerc a un abattoir en Bretagne, Kermené, dont le cahier des charges stipule qu’il ne traite que du porc breton. Ce qui permet au Cochon de Bretagne d’être vendu dans toute la France. Les producteurs de porc ont souhaité que nos fournisseurs de marques nationales en fassent de même, afin d’augmenter la consommation de porc français. C’était une très bonne idée. Nous avons donc écrit à l’ensemble de nos fournisseurs pour exiger que leurs produits soient issus de viande porc française. La plupart nous ont suivis, mais quelques multinationales n’ont pas été sensibles à la pression. Il faut dire que nous ne représentons qu’1 ou 2 % de leur chiffre d’affaire avec un consommateur qui plébiscite leurs produits.

Les États-Unis eux-mêmes avaient tenté d’obtenir de l’une de ces multinationales de stopper les achats de café et de cacao en Côtes d’Ivoire. Elles n’en ont rien fait. Alors, si l'on est capable de résister à Obama...Leclerc.

L’origine de la viande de porc dans les magasins Leclerc : française exclusivement !

La Scarmor, coopérative régionale des magasins E.Leclerc bretons, comme les autres Centrales d'achats du mouvement, achètent exclusivement la viande porcine aux producteurs français et bretons. Il n’y donc pas de viande de porc importée de l'étranger dans les rayons boucherie. Il est par contre plus difficile d'être catégorique sur les produits manufacturés. C'est le cas pour la viande de porc utilisée dans les produits transformés des marques internationales que les magasins E.Leclerc distribuent, qui n'est pas garantie d'origine française.

 

Un courrier officiel du groupement E.Leclerc avait été envoyé par exemple aux dirigeants d'Herta France - groupe Nestlé pour leur demander de s'approvisionner en viande porcine auprès de producteurs exclusivement français... Mais la seule voix de l’enseigne E.Leclerc n’a pas porté assez fort et la marque n’a aucune obligation légale de préciser la provenance de la viande porcine utilisée pour ses jambons, ses saucisses ou autres produits transformés.

 

En attendant, tous les produits fabriqués à Kermené, les abattoirs E.Leclerc installés dans les Côtes d’Armor, sont garantis 100% porc français comme l’authentifie la mention "Le  Porc français" sur ses emballages (Tradilège, Eco +…) . On peut même préciser, viande de porc breton, comme l’atteste là-encore l’écusson vert et or de la marque Cochon de Bretagne (dont d’ailleurs la coopérative Leclerc Scarmor est à l’initiative). Ces mentions sur un produit, restent les meilleures garanties.

La réaction de Jean-Michel Bordais, Président de la Scarmor de 1987 à 2007

« Bien-sûr la production aurait besoin d’un prix plus élevé pour permettre à tous les producteurs de conforter leurs revenus. Malheureusement, la grande distribution, comme aucun d’entre nous, ne contrôle le cours du porc qui est essentiellement  européen. Le concurrent des producteurs bretons n’est pas le distributeur mais le producteur allemand ou espagnol.

 

Les E.Leclerc de Bretagne ont créé, pour aider les éleveurs, les marques Le cochon de Bretagne et Éleveurs de Bretagne, permettant de leur verser une plus-value de quelques centaines de milliers d’euros par an, mais bien loin de compenser l’écart de compétitivité entre Français et Allemands. Les producteurs français savent bien qu'à prix identique, les Français perdent de l’argent quand les Allemands en gagnent car ces derniers ont des coûts de production plus bas (charges sociales, TVA..)

 

Quant à la comparaison entre le prix du porc au marché au Cadran et le prix des côtes de porc en rayon que certains trouvent excessifs, c’est une vieille rengaine simpliste agitée régulièrement qui a donné lieu depuis des décennies à des études remplissant les placards du Ministère de l’Agriculture et qui n’ont jamais permis d’incriminer la grande distribution. La dernière en date est à disposition à France Agrimer. La grande distribution est un métier de gros volumes et de marges faibles.

 

Quant à la production laitière, là encore les adhérents des E.Leclerc de Bretagne ont décidé de créer une gamme pour la marque Éleveurs de Bretagne, destinée à développer les volumes de lait collecté et conditionné en Bretagne. Mais la part de lait vendue dans la distribution ne représentant que 10 % de la production. Toutes ces actions sont bien sur insuffisantes.

Il y a quelques mois je disais à un leader paysan : « Quel projet pour l’après quota ? ». Devant son silence je me disais que si on avait affaire à des syndicalistes moins dogmatiques on aurait pu dire «Paysans et Distributeurs, quel grand projet peut-on élaborer ensemble pour l’après-quota ? »


Le concurrent du producteur breton n’est pas le distributeur, mais le producteur de lait néo-zélandais. Je rencontre nos concurrents dans l’association Produit en Bretagne et je peux témoigner qu’ils sont prêts, surtout les indépendants, à agir comme les E.Leclerc pour avoir des paysans qui vivent mieux de leur métier. Accuser d’avance la distribution alors que l’on entre dans une période explosive me semble être très dangereux".



Les catalogues LEADER PRICE, LIDL, E.LECLERC... cherchez l'erreur !

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