"Pour en finir avec les idées reçues : Comment vivrait-on dans un monde sans amour et zéro papier ?" C’est le prospectus vert qui le dit avec un cœur et un gentil petit chien en couverture. Alors comme ça, si on ne reçoit plus de pub dans sa boîte aux lettres, plus personne ne nous aimera ? Une prophétie de Cassandre signée OHM, l’Observatoire Hors média qui emprunte la rhétorique façon société évangélique en quête d’ouailles, pour soutenir l’activité de ses commanditaires : les principaux éditeurs et diffuseurs de prospectus, themselves.
La question est donc posée sur du papier en format A3, plié en quatre volets, imprimé recto-verso en quadrichromie et tiré à 13 MILLIONS D'EXEMPLAIRES. Une campagne publicitaire de grande envergure qui aurait pu garantir le sérieux et la crédibilité de la démarche, si les défauts d’emballage n’avaient fini par révéler un contenu plus que contestable. Car si le prospectus annonce la couleur avec ce vert symbolique sur tout le support, il n’est pourtant pas aussi écolo qu’il veut bien le prétendre. Mais prenons cette belle feuille d'arbre en pages intérieures, que l'OHM brandit comme une table de la loi où sont inscrits les motivations de ce prospectus. Elle affiche les trois principaux arguments de sa campagne… et de son discrédit :
1- "Le papier est l’un des matériaux les plus labélisés et certifiés"
Certes, et pour autant cette publicité n’en use pas vraiment. Le cercle Möbius apparaît bien deux fois. Ce fameux logo vert avec les flèches qui indique un mouvement cyclique est un code de recyclage normé selon ses variantes. Sauf que sans pourcentage indiqué à l’intérieur, il signifie que le papier de ce document est recyclable mais non recyclé.
On peut noter également l'absence d'une autre certification non négligeable, l'éco-label « Imprim' Vert" qui garantit notamment la non-toxicité de l’encre utilisée et la démarche volontaire des imprimeurs aujourd'hui qui veulent réduire l'impact de leurs activités sur l'environnement.
2- "En France, comme en Europe, le recyclage des papiers/cartons utilisé dépasse 64 %" et plus loin « Le papier recyclé représente 42 % »
Tout est dit. OHM a du batailler ferme pour trouver un imprimeur qui n’utilise pas de papier recyclé pour éditer ce document. Dommage car le papier utilisé a donc nécessité deux fois plus d’eau que s’il avait été recyclé.
3-"Vous êtes 92 % à lire les publicités dans votre boîte aux lettres, et 65% ont effectué un achat après l’avoir reçu" . Alors que le quizz en page 4, annonce avec ces chiffres à l'appui que l'OHM défend le pouvoir d’achat du consommateur en lui offrant une manne d’information par voie postale, la vérité s'écrit comme un aveu sur la feuille : l'OHM défend son business, sa filière de communication et son cœur… de cible.
Une campagne « J’♥ le prospectus » (avec son site internet monprospectus.com) qui sonne comme une réponse directe à la campagne Zéro prospectus lancée par le mouvement Leclerc. Malheureusement pour l'OHM, la campagne fait le buzz sur le Net pour sa maladresse, sa désinformation et son danger pour l’environnement, tandis que l’objectif "Zéro prospectus" lancé comme un défi à relever, est en train de faire des émules.
"L’OHM et plusieurs acteurs du prospectus (papetiers, imprimeurs, acteurs de l’éditique, distributeurs, …) se sont regroupés afin de porter un certain nombre de messages à la connaissance du grand public" peut-on lire sur le site internet de l’Observatoire. Pas vraiment un message d'amour pour la planète en tout cas, mais plutôt une offensive protectionniste émanant d'un secteur qui veut garantir son fonds de commerce sans tenir compte des urgences environnementales et des nécessaires remises en question.
Alors, comment vivrait-on dans un monde sans amour et « zéro prospectus » ?
est la vraie question que pose ce publipostage :
Ben, avec le même gentil petit chien, mais sans le prospectus rajouté dans sa bouche sous photoshop (que l’on troquerait d’ailleurs volontiers pour le journal du jour en papier recyclé) et sans les tonnes de papier qui semblent constituer son environnement.
Et l’amour dans tout ça nous direz-vous ?
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