Glenmor ne prête pas son nom à une scène musicale finistérienne pour rien car ce chanteur qui se disait barde chantait haut et fort son identité bretonne. « Personne n’osait chanter la Bretagne à l’époque. On subissait le coup de l’épuration. » Dès le début des années 60, Glenmor joue le rôle de porte-voix d’une culture
et d’un peuple et met la chanson au service des libertés.
"En 1958, Émile Le Scanv se dit Glenmor et choisit sa voie : la Bretagne. Le point de départ d’un mouvement profond qui va éclore dans les années 70 et faire renaître la fierté de tout un peuple.
La voix de ce rebelle au grand cœur s’amplifie pour dire la révolte et les aspirations de l’Armorique. Poète, barde et tribun, Glenmor est le précurseur. Un détonateur pour des chanteurs qui
prendront ses pas, Stivell, Servat et les autres. Un monstre sacré.
Rien que son nom chante la Bretagne : Glen-Mor. Glen comme la terre de ce chantre issu du Poher, fils de paysans de Maël-Carhaix. Mor, comme le
bleu perçant de ses yeux clairs qui lancent des éclairs sur flots de révolte. Son physique taillé à la serpe - une grande silhouette, la crinière au vent et une longue barbe fournie de
prophète - laisse deviner un individu d’une trempe peu commune. « Suis né barde de petite Bretagne / de moindre pays / Personne ne me tint conseil / Seuls les chemins / et les vents me furent
maîtres. »
Cette voix si sensible et si rude, si personnelle et si forte, brise un silence étouffant. Sa force est le verbe. Pour ce barde fait tribun, la musique passe au second plan. Auteur de textes
de pure poésie, il choisit et cisèle les mots comme des armes. Des mots vrais, tendres, puissants, incantatoires".