FAUX : Petite analyse des coûts de la rentrée des classes avec Jean-Marie de Bel Air, adhérent Leclerc à Plougastel, responsable des achats nationaux des fournitures pour la rentrée des classes.
L’association "Familles de France" annonce comme tous les ans une augmentation du coût des fournitures scolaires pour la rentrée, avec un résultat d’enquête qui pointe une hausse de 6,8 %. Pendant ce temps, le même sondage mené par la Confédération syndicale des familles donne un verdict nettement revu à la baisse, avec une hausse de 3,1 %. Un résultat au diapason avec les estimations des médias qui évoquent en moyenne + 3 % sur la facture finale par rapport à 2010. A l’inverse, Olivier Dauvers, le journaliste spécialiste de la grande distribution, fait l’écho d’un constat qui a du mal à se faire entendre : Non seulement la hausse des fournitures scolaires est exagérée, mais le prix de la papeterie en 2011 serait stable et même nettement en baisse sur les Essentiels !
Alors qu’en est-il exactement ? Bretagneaucoeur a demandé quelques explications à un spécialiste maison. Petite analyse du phénomène avec Jean-Marie de Bel Air, adhérent Leclerc à Plougastel, responsable des achats nationaux des fournitures pour la rentrée des classes.
"En fait les gens ne le savent sans doute pas, mais nous travaillons avec une année de décalage sur les négociations de ce type de produit, pour bien préparer la rentrée. Actuellement nous travaillons sur celle de 2012, pour pouvoir présenter notre sélection aux magasins en décembre, passer les commandes en janvier et lancer la fabrication des produits pour une livraison en avril-mai. Quand nous prospectons les fournisseurs, nous connaissons les volumes de commande que nous représentons. C’est justement ce qui nous permet de négocier. Alors croyez-moi, si il y avait une hausse des prix effective de 6%, c’est que le fabricant et le distributeur ne font pas bien leur travail !
En 2010, les fournisseurs sont effectivement arrivés en nous annonçant une hausse importante des prix, inhérente à l’inflation que connaissent les matières premières. C’est ensuite à nous de trouver un équilibre et de négocier à la baisse en jouant sur tout un ensemble de critères : la concurrence, la logistique, les volumes… Et puis le prix des produits lui-même n’est pas simplement constitué par le coût de la matière première. Il faut tenir compte des fluctuations monétaires du dollars (valeur d’achat) et de la valeur de l’euro au moment de la transaction, du coût des transports (ceux du fabricant, du fournisseur et du distributeur) mais aussi du budget marketing (le packaging, la publicité). C’est en jouant sur tous ces paramètres, qu’il est possible d’absorber une hausse de 30% annoncée de la matière première sur le produit fini.
Pour cette année, en dépit de l’inflation, sur des achats moyens il n’y a pas d’augmentation des prix contrairement à ce qui est dit par certaines associations de consommateurs. Nous sommes parvenus globalement à stabiliser les prix du coût des fournitures scolaires et même à proposer une baisse non négligeable sur un large panel des Essentiels avec - 9,7 % par rapport à 2010 sur la somme totale d’une même liste de 36 produits. Les clients d’ailleurs ne s’y trompent pas avec une augmentation nette des volumes des Essentiels chez Leclerc. Nous allons dans le sens du consommateur et tentons de répondre au mieux à ses préoccupations et ses usages au moment de l’achat des fournitures. Ils achètent à la fois des produits de base tout en montrant un peu plus de souplesse dans le choix de la gamme côté cartable, trousse et agenda. Après tout, la rentrée doit aussi être une fête pour les enfants et les parents vont alors vers des produits un peu plus élaborés pour ces articles.
Alors si l’association Familles de France fait ce que l’on attend d’elle, puisqu’en 30 ans elle n’a annoncé une baisse du coût de la rentrée que l’année de la mise en place des Essentiels par Yves Chatel, les acteurs du mouvement Leclerc le font aussi en maintenant des prix bas pour le consommateur. La meilleure des preuves est encore le témoignage de Stéphane Hamelin, président du groupe papetier éponyme (l’un des plus puissants du marché : Oxford, Canson, Elba) expliquant dans la presse récemment, qu’il ne pouvait pas répercuter l’augmentation du prix de la matière première sur le prix de ses produits : les distributeurs ne voulant pas que le prix des cahiers augmentent et les fournisseurs de pâte à papier faisant flamber leurs coûts avec + 50 % entre fin 2009 et fin 2010. La concurrence joue donc également pleinement son rôle ainsi que tous les acteurs du marché qui ont intérêt à tenter d’absorber au mieux la hausse des coûts de la pâte à papier, les fournisseurs comme les distributeurs".
Et pour 2012 ?
"Nous travaillons dès maintenant sur la prochaine rentrée des classes. Les négociations ont déjà démarré avec toujours le même objectif. Il y a certes des turbulences monétaires imprévisibles, mais le contexte n’est pas plus compliqué que les années précédentes pour assurer un équilibre et le maintien des prix en 2012".
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