STOP LA PROVOC' !


Leclerc contre le mauvais mélange des genres

(réponse à Télérama, au Parisien et à Serge Papin)

La provocation est un genre qui, s’il est porté avec habileté et pertinence, ne manque ni d’intérêt ni de panache. A l’inverse, lorsqu’il est réduit à un simple artifice pour attirer davantage l’attention que la réflexion, il tombe dans la caricature grossière ou l’audace ridicule. Ces dernières semaines quelques déclarations médiatiques ont forcé le trait de la figure de style pour nous livrer des exemples peu réjouissants de son utilisation. Et force est de constater que la grande distribution et plus particulièrement Leclerc, semble offrir un terrain fertile pour des démonstrations on ne peut plus simplistes. Certes cela permet peut-être à certains de lustrer leur plumage mais leur ramage connaît bien des dissonances. Alors retournons le miroir aux alouettes et voyons un peu ce qu’il renvoie.

 

Commençons par cet article d’un chroniqueur de Télérama titré "Jacques Gruber contre Michel-Edouard Leclerc", qui sous prétexte de s’extasier sur les splendeurs de la coupole des Galeries Lafayette dessinée par l’artiste Gruber, dévie de son sujet architectural, pour encenser le fondateur du bazar de luxe et brocarder Leclerc et son magasin "hangar" de Landerneau !

 

On peut donc lire : "Sans vouloir faire de promotion pour les Galeries, le Printemps et autre Bon Marché", écrit le journaliste avant même de faire le contraire juste après la virgule, "il faut leur reconnaître un vrai souci d’urbanisme et d’élégance architecturale (…) Mais si on les compare aux hangars en tôle de la grande distribution et aux zones commerciales qui enlaidissent les entrées de ville, on mesure l’étendue de la régression. Niveau artistique : zéro. Pour prendre un exemple (on aurait aussi pu citer Carrefour ou Intermarché)". Ben oui il aurait pu, mais il ne le fait pas, parce que sinon il n’aurait pas pu avoir un titre d’article aussi accrocheur pour hameçonner le lecteur en un clin d’œil sur le web, "le premier centre Leclerc ne risque pas de figurer dans les manuels d’architecture ou les beaux livres sur l’art décoratif ou le design. Sur ce plan-là, Michel-Edouard Leclerc n’est pas entré dans l’histoire. Et s’il construisait une petite coupole à Landerneau ?

 

Euh c’est une vraie question-là ? Voilà donc notre fameuse provocation bien-sûr…

 

Un trait d’ironie qui vient exprimer dans un jacobinisme éhonté, l’urgence d’apprendre à ces ploucs de province comment "rendre le Beau et le Bon accessible à tous" selon la doctrine citée dans le texte du grand gourou Théophile Bader, fondateur du temple parisien.

 

Car à Landerneau, si on n’a pas de coupole, c’est que nous préférons offrir des écrins aux mesures de leurs perles plutôt que de faire de mauvais mélanges des genres. A Landerneau, le Bon a son “temple” de consommation avec son magasin Leclerc qui, comme la majorité de ceux de l’enseigne, est équipé d’un système de chauffage et d’éclairage basse consommation, d’un centre de tri sélectif, de rayons aménagés pour permettre aux professionnels de confectionner ou de transformer des produits "maison"  (boulangerie, pâtisserie, crêperie, traiteur, boucherie, poissonnerie etc…) et aux producteurs locaux de valoriser les leurs. Bref, un "hangar" dont la logique architecturale est au service du Bon, du bon produit, du bon prix, du bon comportement pour le développement durable et de la bonne gestion d’un responsable de PME de la grande distribution.

 

Et pour le Beau, à Landerneau point de temple, mais un ancien couvent entièrement rénové en Centre d’art par le Fonds Hélène & Edouard Leclerc et sans autre fonction que d’exposer le Beau et le rendre accessible au plus grand nombre. Et si Leclerc, ce sont aussi des enseignes spécialisées pour certains services ou produits, nous ne pouvions pour autant contredire la pensée kantienne : "Le beau est ce qui plaît universellement sans concept" Dont acte !

INFORMER LE CONSO-ACTEUR PLUTÔT QUE PROVOQUER LE CONSOMMATEUR

 

Chez Leclerc on a l’élégance subtile de ne pas confondre goûts et couleurs et de rendre accessible à tous, une palette bien plus lisible aux choix de consommation. Car c’est bien cela qu’il s’agit de défendre : le rôle non plus d’un consommateur passif mais d’un "conso-acteur" qui connait la mesure de ses actes, lorsqu’il opère des choix de consommation, au regard certes des réalités économiques et sociétales, mais aussi de son pouvoir d’achat.

 

Alors encore une fois, nous crions haro sur la provoc’, l’effet d’annonce et la tentative de buzz lorsqu’une couverture parisienne iconise l’achat "Made in France" pour relancer l’économie ou lorsque l’on découvre dans les gros titres, une "papinade" qui appelle à l’instauration d’un traitement de faveur au profit des PME françaises, pour leur garantir un taux de marge plus profitable. Là encore, le Beau et le Bon ne font pas bon ménage ! Les idées peuvent être séduisantes mais elles ne sont bonnes puisque pas applicables sans bafouer les règles élémentaires de l’Autorité de la concurrence et sans risquer de se faire rattraper par la patrouille européenne pour protectionnisme débridé. Acheter français et français seulement n’est de toute façon pas à la portée de toutes les bourses, sachant qu’il resterait encore à déterminer ce que cela veut dire : fabriqué en France, assemblé en France, avec quelle matière première ? On voit vite les limites de la bonne idée.

 

De bonnes initiatives existent déjà dans la grande distribution et se développent de plus en plus dans le réseau d’indépendants de notre mouvement. Marque repère, Alliances locales, Nos régions ont du talent, Produit d’ici, Eleveurs de Bretagne, Amiral de Bretagne etc…

 

Dans les Leclerc bretons comme ailleurs, le projet qui nous mobilise est de trouver les meilleurs moyens d’information en magasin pour identifier les produits, valoriser les marques selon leur origine, leur impact sur l’environnement, leur prix, leur bénéfice sur la santé ou sur le développement. Ce fut d'ailleurs dès le début des années 90 ce qui nous motiva pour créer en collaboration avec de grandes entreprises, l'association "Produit en Bretagne", presque 20 ans avant la "bonne idée" mise en page par Le Parisien...

 

Allez avouons-le, nous aussi nous cherchons à provoquer… non pas le buzz mais, le bon instinct de notre conso-acteur.

 


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