En poste depuis 17 ans à Lannion, cet ancien étudiant en mathématiques a fait ses premières armes dans la grande distribution comme beaucoup de jeunes, dans le cadre d’un job d’été. A priori, rien ne le prédestinait à devenir un jour directeur adjoint de l’un des Centres E. Leclerc bretons de la région Scarmor. A moins que les atouts qu’il affiche d’emblée dans l’exercice de ses différentes fonctions occupées, ne soient effectivement des avantages indéniables et des compétences précieuses pour permettre à un magasin de se développer : autodidacte, entreprenant, goût pour l’initiative, à l’affût de l’innovation, avoir un train d’avance et être le premier. A la rencontre d’un métier :
Du job d’été au poste de directeur adjoint, comment résumer votre parcours ?
C’est une histoire d’opportunité et de volonté. Je suis rentré en 1993 pour une saison sur un poste qui s’était libéré au rayon « Bazar ». Un emploi saisonnier où l’on se sent bien, qui se transforme en CDI, c’est une aubaine pour un jeune qui veut entrer dans la vie active et montrer ce dont il est capable ! J'y suis resté presque 10 ans jusqu’à l’agrandissement du magasin. Quand un poste se libère, avant d’essayer de trouver un profil qui correspond à l’extérieur, la politique « maison » est de toujours regarder les compétences du personnel qui aurait le potentiel, les qualités et la volonté. Alors, avec l’ouverture de l’Espace Loisirs dans la galerie, j’ai passé une étape et je suis devenu responsable de ce département. Le concept était totalement atypique puisqu’il s’agissait d’excentrer tout le saisonnier du supermarché. C’était un défi d’envergure, le but étant de parvenir à faire rentrer des gens sur une autre ligne de caisse. Le succès fut immédiat. J’avais fait une étude de marché et je savais qu’au-delà d’une offre saisonnière, il fallait trouver le moyen de fidéliser le client à l’année. Alors nous avons choisi de développer des gammes complètes dans les secteurs travaillés tout au long de l’année. Pour la partie Loisirs créatifs, nous avons mis les moyens à la hauteur de nos ambitions avec l’embauche de trois personnes compétentes passionnées par ce secteur. Nous avons 8 000 références avec une partie entièrement réservée aux Beaux-arts. Des ateliers créatifs sont organisés au quotidien : pastel, huile, encre, scrapbooking, déco-patch, ouvert au public.
C’est avec cette même volonté de ne pas faire les choses à moitié, que vous avez décidé de créer un univers 100 % Bio au sein même du magasin ?
Oui, il faut toujours chercher à être précurseur. Ce n’est pas juste une question d’image, c’est juste aller dans le sens de la vie. Le bio demain deviendra peut-être conventionnel. C’est vrai que je ne voulais pas me contenter d’ouvrir un rayon bio avec quelques produits. L’idée là encore était de proposer une gamme large, de l’épicerie jusqu’au liquide, sans oublier le frais ! On a fait un univers complet de 2 allées de 50 éléments pour 60 mètres linéaires de bio d’une gamme la plus élargie possible. Le plus compliqué, fut de mettre en place le vrac car cela ne s’était jamais fait dans la grande distribution. Etant précurseur sur ce sujet, nous avons rencontré des difficultés d'approvisionnement au départ. Aujourd’hui la présence du bio dans les Leclerc montre que ce n’est plus une gamme de produits réservée à une certaine catégorie de personne.
Quelle est la fonction d’un directeur adjoint ?
Je suis devenu directeur adjoint en 2007 mais en réalité ma véritable fonction est BATF : Bon à tout faire. Il n’y a pas une journée qui se ressemble, il y a toujours des imprévus à gérer. On est là pour encadrer et diriger les équipes afin d’œuvrer pour le bon fonctionnement du magasin (approvisionnement, chasse aux ruptures, et propreté des linéaires et du magasin en général, lien avec la clientèle en cas de litige...). C'est passionnant ! Si le directeur Philippe Trémintin s’occupe plus particulièrement du personnel, j’ai pour ma part en charge la partie commerciale, le développement du magasin et la mise en place des nouveaux projets. Je travaille en binôme. Et si nous sommes véritablement complémentaires, nous pouvons nous suppléer l’un l’autre si besoin. De toute façon tous les projets sont validés à trois avec l’adhérent Philippe Cousyn.
Question projet justement, quels sont les prochains défis à relever pour vous ?
Nous voulons préserver notre planète et protéger notre environnement, car c'est un sujet essentiel au sein du mouvement Leclerc. Pour cela nous allons procéder au "relamping" complet du magasin afin de privilégier les ampoules à basse consommation, peut-être même aller sur des ampoules à LED, couvrir les bacs surgelés, mettre des rideaux de nuit sur les vitrines hautes. En ce qui concerne le recyclage, beaucoup de pratiques sont en place, mais on veut franchir un cap supplémentaire : un point collecte élargi en partenariat avec la communauté d’agglomération va être créé. Ces enjeux sont d’actualité et on se doit d’être réactif. En tant qu’entreprise recevant du public nous devons montrer l’exemple. Notre réseau et les innovations dont il est porteur, sont des sources de développement formidables pour chaque magasin.
Quels ont été vos principaux atouts pour mener votre carrière ?
Ma formation en mathématiques m’a sans doute apporté une adaptabilité aux différentes situations. Je voulais être prof de maths. J'aime les chiffres, les équations qui fonctionnent et les bons résultats. J'ai un esprit plutôt logique, facilité par l’aptitude à manipuler les chiffres (marges, objectifs, calcul de prix de vente, négociation avec les fournisseurs…)... Il faut savoir écouter pour acquérir l’expérience nécessaire pour avancer. Mon métier est fait de bon sens et il s'agit d'être réactif. Par exemple, nous avons relevé le challenge de monter le "projet bio" en 4 mois. Pour L’Optique, on a mis 2-3 mois entre les travaux, l’installation du concept et le recrutement. J’ai mis également en place le PMS (Plan de maîtrise sanitaire) et au moment de l’alerte à la grippe, j’ai monté le PCA (plan de continuité d’activité) sur lequel j’ai travaillé pendant 3 semaines dans l’urgence de la crise sanitaire annoncée. Et finalement il n'y pas eu de grippe !
Aujourd’hui, je suis fier de mon parcours et espère contribuer à la bonne marche de l’entreprise. Quand je suis arrivé dans la grande distribution, je n’y connaissais rien mais il faut être entreprenant, avoir envie d’avancer et être patient.
Pourquoi Leclerc et pas une autre enseigne ?
Le mouvement Leclerc a une vraie force : son combat pour garantir une politique du prix bas. Nous sommes indépendants,même s’il y a une conduite nationale que l’on suit bien évidemment, qui permet de s’adapter aux exigences régionales et même locales. Il n’y a pas deux magasins Leclerc identiques. C’est une liberté dans le travail. J’ai eu une "piqûre Leclerc" et si un jour je devais quitter mon poste, je ne pourrai pas changer d’enseigne, ou alors, je sortirai carrément du circuit de la grande distribution !