Dossier rentrée 2013
Il suffit parfois d'une démonstration simple pour révéler l'incohérence d'une taxe qui loin d'être vertueuse s'avère totalement pernicieuse. Dont acte avec cette explication d'Alain Glon, fondateur et ancien PDG du groupe alimentaire Glon : Quand le poulet d'importation paiera 1 fois l'écotaxe, le poulet breton la paiera 6 fois ... édifiant !
> 1 fois pour acheminer les semences, engrais, produits phyto etc. depuis le négociant jusqu’à la ferme
> 1 fois pour ramener les céréales de la ferme (champ) jusqu’au silo de la Coop ou du négociant
> 1 fois pour acheminer les céréales jusqu’à l’usine d’aliment
> 1 fois pour acheminer les aliments jusqu’au poulailler
> 1 fois pour acheminer les lots de poussins depuis le naisseur jusqu’au poulailler d’engraissement
> 1 fois pour acheminer les poulets jusqu’à l’abattoir
> 1 fois pour acheminer le poulet abattu jusqu’à l’usine de transformation avec tous les éléments de conditionnement
> 1 fois pour acheminer le produit fini jusqu’à l’entrepôt du distributeur
Soit environ 8 étapes avec de possibles variantes.
Ce qu’il faut prendre en compte, c’est le poids transporté et taxé à chaque étape (par exemple, il faut deux kilos d’aliment pour 1 kilo de poulet).
Ce calcul aboutit à environ six fois la taxe !
Si l’on admet que l’écotaxe fait augmenter le coût de transport de 5% environ, six fois la taxe, cela fait 30% de hausse sur le transport. C’est beaucoup plus d’1% du prix de revient, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, et cela conduit le plus souvent à une marge négative, voire très négative. Le raisonnement prix de revient n’a du reste aucun intérêt, seules comptent les marges pour faire vire une entreprise.
Pendant ce temps, le poulet importé et débarqué dans un port breton ou français ne paiera qu’une fois la taxe lors de l’acheminement vers l’entrepôt du distributeur. Trouver l’erreur Monsieur de Montebourg… et vive "le made in France !"
On peut y ajouter l’acheminement de l’entrepôt du distributeur vers les magasins.
Cela représente au total un impact de 0,5% à 1% sur le Prix de vente Consommateur.
C'est l'un des points chauds de la rentrée en Bretagne : Le réveil des portiques et la mise en vigueur de l'écotaxe reportée au 1er janvier 2014. Les routes nationales bretonnes ont jusqu'ici échappé à l'octroi, puis au péage, mais vont désormais soumettre les poids lourds au paiement d'un tribut... Résultat les acteurs économiques bretons voient rouge et la colère monte contre la fiscalité verte. Mais pas que... En question : l'aménagement du territoire et ses transports, pour assurer l'avenir du développement économique breton.
*Bretagne Grande Vitesse reportée aux calendes grecques, mise en vigueur de l'écotaxe et tarifs vertigineux pratiqués en Bretagne par
Air-France..., les raisons de la colère sont nombreuses, les réactions se font vives et la fronde s'organise !
C'est le 18 juin 2013 à Pontivy, que se réunissait pour la première fois le Comité de convergence des intérêts bretons : un collectif constitué d'entrepreneurs bretons, de représentants de salariés, du monde agricole, d’organisations économiques ou de coopératives professionnelles. Ils étaient alors une trentaine pour lancer un appel solennel contre le "naufrage économique et social de la Bretagne" et marquer notamment leur opposition à la mise en place de l'écotaxe.
En cette fin du mois d'août, ils sont désormais plusieurs centaines à se lancer dans le dossier le plus chaud de la rentrée ! En effet, ce mercredi 28 août à Pontivy, un nouveau grand rassemblement a été programmé avec, à l'ordre du jour, les questions d'aménagement du territoire et de la sauvegarde de l'économie bretonne, à quelques semaines de l'entrée en vigueur sur les routes de l'écotaxe. En attendant, Le CCIB propose aux Breton(ne)s un manifeste qui circule sur le web sous forme de pétition et pépare plus que jamais les couleurs de la révolte avec des prises de paroles publiques de nos acteurs économiques bretons.
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L'écotaxe, prévue dans le cadre du Grenelle de l’environnement, doit entrer en vigueur le 1er octobre. Elle doit s'appliquer à tous les véhicules de transport de plus de 3,5 tonnes, circulant sur le réseau national non payant, selon des barèmes kilométriques. Elle est due par le client du transporteur. L’objectif énoncé de cette taxe est d’inciter les professionnels à délaisser le réseau routier au profit de transport de marchandises plus durable. Le gouvernement espère récolter 1,2 milliard d’euros par an avec cette écotaxe.
Son taux est compris entre 0,025 € et 0,20 € par kilomètre, en fonction du nombre d’essieux, du poids total autorisé en charge (PTAC) et de la classe d’émission EURO du véhicule. Afin de favoriser une meilleure répartition du trafic sur le réseau, certains itinéraires départementaux ou communaux seront également concernés par la redevance, alors que d’autres itinéraires du réseau national, dont le niveau de trafic est bas, n’y seront pas soumis. Les transporteurs pourront répercuter cette taxe kilométrique sur le bénéficiaire de la circulation de marchandises (le donneur d’ordre) et donc sur le consommateur (le client final).
Voulue par Jean-Louis Borloo dans le cadre du Grenelle de l'environnement, instituée par le gouvernement Fillon et confirmée par le gouvernement Ayrault, cette taxe au kilomètre parcouru, destinée à favoriser un transfert du transport de marchandises de la route vers le rail, a déjà soulevé plusieurs vagues de protestations de la part des entreprises bretonnes. Le collectif d'acteurs économiques bretons a déjà obtenu une réduction de 50 % de la contribution de ses transporteurs, une exonération des collectes de lait et du trafic camions sur la RN164, l'axe central.
Le paradoxe de l'écotaxe
Alors que les transporteurs construisaient jusqu'ici leurs shémas logistiques dans une logique d'optimisation des distances pour réduire les coûts, ils revoient désormais leurs tournées en fonction des portiques à éviter, entrainant ainsi une augmentation des distances... et par conséquence une augmentation des émissions de CO2. L'écotaxe aurait donc comme premier effet pervers de provoquer une augmentation de la pollution routière, contre laquelle elle est censée lutter.