Edito

Yvan Madec, adhérent à Landivisiau

Les poissons étalent leur latin en magasins

Il va falloir se remettre au latin ! En effet, les étals de nos poissonneries se sont enrichis depuis le 1er janvier 2012 d'informations très intéressantes... Nous affichons désormais les noms des poissons... en latin !... Non, ce n'est pas une plaisanterie, ni un poisson d'avril avant l'heure ! Ce n'est pas non plus pour faire joli sur les étiquettes, ni parce que le monde de la pêche et des poissonniers se prend soudain d'envie de se distinguer et d'étaler sa science sur l'étal : ils n'y sont pour rien et d'ailleurs, il vous est déconseillé de les chatouiller sur le sujet, l'humour a ses limites... Car vous l'aurez deviné tout cela leur est imposé par une nouvelle contrainte règlementaire. Plus précisément le règlement CEE 404/2011 dont vous trouverez plus loin le détail si vous aimez la prose parlementaire*.

 

Voilà un bien curieux règlement qui aurait bien fait rire nos amis Astérix et Ordralfabétix ou au contraire, les aurait mis d'humeur belliqueuse ! Mais les temps ont changé et aujourd'hui on ne rit pas avec la loi, dura lex sed lex comme on disait dans l'empire romain, sauf chez les irréductibles gaulois. En fait il s'agit d'afficher dans les rayons le nom scientifique des espèces, qui comme vous le savez, est la seule dénomination internationale et universelle. L'objectif, louable, du législateur étant la traçabilité du produit, du pêcheur à l'assiette du consommateur, dans le cadre de la libre circulation des marchandises et des hommes : logique. Mais tout de même, imaginons un Homo Sapiens Germanicus, en migration saisonnière et attiré irrésistiblement par les rivages de l'Atlantique et de la Manche, décidant de déguster une spécialité locale, disons un magnifique Bar de ligne que lui conseille notre poissonnier. L'affichage lui permet donc maintenant de retrouver le nom scientifique : Dicentrarchus Labrax.

 

Le voilà bien avancé me direz vous, cela ne lui donne pas l'info dans son idiome natal... Oui, mais ce n'est plus notre problème ni celui des instances communautaires, c'est le sien... Et notre cousin germain bien organisé saura facilement retrouver la table de correspondance adéquate et la recette du beurre blanc qui va bien. Par contre je ne sais pas si Homo Sapiens Sapiens Armoricus aura les mêmes aptitudes, lors d'un voyage en mer Égée, pour déchiffrer l'alphabet grec, puis transposer en latin, puis sortir son tableau en français (on vous le fournit ci-dessous) : là c'est grec et latin au menu... Heureusement nous, Bretons bretonnants ou pas, nous n'avons pas besoin de savoir tout ça pour reconnaître un Saint Pierre sur un étal grec et qu'il a 3 filets de chaque côté, même si l'étiquette dit Zeus !

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Tarantino (samedi, 17 novembre 2012 10:41)

    Je cherchais les mots de M. Leclerc et je tombe sur cet article étonnant. J'espère qu'il va t'arriver! Séverine.