Edito
Alors que la vie d’une coopérative régionale Leclerc est souvent ponctuée de rénovations d’agrandissements ou mêmes de reprises de magasin lorsqu’un adhérent part en retraite, il n’est finalement pas si courant d’inaugurer l’ouverture d’un nouveau Leclerc après construction complète d’un bâtiment. Les habitants de Riantec dans le Morbihan ont pu officiellement passer les portes de leur magasin tout beau tout neuf, il y a moins d’un mois, pour le plus grand soulagement de l’heureux propriétaire Michel Le Bars. Car au regard des tribulations que celui-ci relate dans son journal de bord, se lancer dans un projet de construction d’un Centre E. Leclerc n’est pas un long fleuve tranquille…
Ouverture d’un magasin E. Leclerc à Riantec : Journal de bord de Michel Le Bars
Avril 2009 : Identification de la zone et étude de marché. Début de recherche du foncier.
Juin 2009 : Identification d’un terrain et début des négociations avec les vendeurs.
Mi-août 2009 : Signature d’un compromis de vente. Découverte du passage en CDAC (commission départementale d’aménagement commercial) de deux enseignes concurrentes : un hyper Carrefour de 6200 m2 et un hyper U de 2500 m2, à peine à 300 mètres du projet Leclerc pour l’un et sur le même terrain pour l’autre.
2 Septembre 2009 : Les deux projets, court-circuités par le dossier Leclerc désormais public sont rejetés en CDAC. .
29 octobre 2009 : Le dossier Leclerc est finalement lui aussi rejeté en CDAC
Novembre 2009 : Nous déposons un recours auprès de la Commission nationale d’aménagement commercial.
Avril 2010 : Après de longues discussions et une instruction polluées par les opposants au dossier, le CNAC autorise finalement le Centre E. Leclerc à exploiter 3600 m2 de surface de vente
Juin 2010 : Intermarché, seul concurrent sur une zone de 21 000 habitants dépose un recours au Tribunal Administratif contre l’avis de la CNAC.
Juillet 2010 : Le permis de construire de Centre E. Leclerc de Riantec est déposé.
22 octobre 2010 : Le permis de construire est signé. Débute alors une période de 2 mois de recours possible.
Mi-décembre 2010 : Le préfet (très sollicité par les opposants au dossier, certains élus et commerçants locaux) écrit au Maire de Riantec pour lui demander de retirer le permis. Celui-ci refuse.
Janvier 2011 : La décision est prise, en dépit d’une incertitude juridique, de lancer le projet. Le chantier démarre le 17 janvier 2011.
Février 2011 : Deux recours sont encore déposés en urgence auprès du Tribunal administratif pour une procédure d’urgence contre le permis de construire. L’un provient des services de la Préfecture et l’autre du groupe Casino. Malgré tout le chantier continue…
8 mars 2011 : Le Tribunal de Rennes déboute les deux procéduriers de leur demande. Le groupe Casino et la préfecture sont condamnés à verser des dommages et intérêts au Centre E. Leclerc de Riantec et à la mairie de Riantec.
Le chantier suit son cours et les recrutements commencent.
Avril 2011 : Nous découvrons, que comme 150 autres décisions du CNAC en France, le dossier est entaché d’un problème de forme. Il manque la signature du secrétaire d’Etat au commerce. Un accord donné par le CNAC est à ce titre annulé par le Tribunal administratif. Notre dossier est susceptible également d’être invalidé. Le suspense s’installe pour une période allant d’un mois à plusieurs années.
Juillet 2011 : Face à cette incertitude juridique, nous déposons de nouveau à titre préventif, une demande d’autorisation en CDAC. Le magasin est presque fini et les embauches de 80 personnes sont confirmées !
6 septembre 2011 : Apprenant l’ouverture prochaine du magasin, c’est au tour d’Intermarché de saisir le Tribunal administratif en procédure d’urgence pour faire annuler la CNAC. Celui-ci temporise et renvoie le dossier pour plusieurs années, devant le Conseil d’Etat pour ne pas statuer sur ce cas.
Septembre 2011 : Après d’âpres débats, la CDAC approuve ENFIN le dossier.
Depuis, nous bénéficions d’une double autorisation d’exploitation : l’un du CDAC et l’autre du CNAC.
Octobre 2011 : Le magasin prépare son ouverture, en attente peut-être d’un nouvel épisode juridique…
3 novembre 2011 : Inauguration et ouverture du magasin en présence des élus de la Ville de Riantec. Les clients sont au rendez-vous. Jusqu’ici tout va bien…
Moralité de cette histoire :
Seuls,
l’attachement au mouvement Leclerc,
la confiance en l’enseigne,
la volonté de créer,
la ténacité,
la conviction que le projet est bon,
la confiance et le soutien indéfectibles de nos parrains,
se tenir à faire ce qu’on dit et dire ce qu’on va faire aux élus, un moral d’acier,
une santé de fer,
une épouse en or,
des enfants compréhensifs,
de bons avocats,
du temps,
un banquier qui croit au projet,
la conviction absolue que ce que l’on fait est bien et bon pour la région et ses habitants,
la capacité d’oublier certaines choses…,
sans omettre une marraine et un parrain principaux qui vous donnent confiance et jamais ne vous abandonnent,
ont permis de faire aboutir le projet. Et après tout, la satisfaction n’en sera-t-elle pas plus grande ? Car tant d’acharnement de la part des opposants au projet n’est-il finalement pas la preuve que le dossier est bon et la mariée plutôt belle ?