Lors de la dernière crise de la pêche, la visite de Nicolas Sarkozy au Guilvinec eut pour conséquence la création d’une taxe de 2 % sur les ventes de poissons, destinée à venir en aide aux pêcheurs. Très rapidement le produit de cette taxe fut détourné de son objectif initial pour finir dans les caisses de l’état. Son montant : environ 75 millions d’euros par an ! Le problème avait été pris à l’envers : le poisson n’avait pas besoin de taxes pour alourdir encore son prix, mais plutôt d’informations lisibles par le consommateur de manière à développer les ventes.
La question est : que souhaite savoir le consommateur sur le poisson qu’il achète ?
Connaître la date de pêche ou la date limite de vente, la zone de pêche (Manche, Atlantique ou Méditerranée au lieu de la mention évasive en rigueur actuellement : « Zone Nord Est « ) et le port de débarquement.
Alors quelle est la solution ?
La création d’une marque. Parce qu’elle assure une permanence de la qualité et qu’elle rassure le consommateur. La marque a une identité, permet d’informer (sur le type de pêche par exemple) et s’impose comme un vecteur d’innovation.
Cette solution a fait ses preuves dans d’autres filières : Savéol, Prince de Bretagne, Le sel de Guérande, Le cochon de Bretagne, Charal ou Loué. Il y a pour les marques, un véritable engouement du consommateur. A terme, tous les produits non identifiés sortiront du marché.
Le poisson est une matière première sous-évaluée car réduite au combat euros/kilo alors que les autres sources de protéines issues de filières qui ont des marques, portent en elles des arguments « parlants » pour les consommateurs. Dans le poisson, c’est le monde du silence…
Le label n’est pas une solution satisfaisante. C’est un concept anonyme, sans responsable identifié : qui est monsieur Label ? Il est là pour valoriser une démarche mais pas pour la réaliser.
Il y a donc deux options :
- Poisson du monde : c’est la situation actuelle. Et là il faut être le moins cher du monde puisque le prix est le seul critère de comparaison.
- La marque : Elle peut vendre du savoir-faire, de l’authenticité, de la sécurité et transmettre des valeurs. Elle répond non seulement aux souhaits des consommateurs mais aussi des pêcheurs qui souhaitent que leurs produits soient valorisés.
Sous l’impulsion de quelques hommes, Hervé Jeantet, armateur de bateaux et d’idées, Gérard Higuinen, négociateur patient, le gouvernement a accepté de supprimer la taxe poisson au profit d’une cotisation volontaire payée par la distribution. Cette cotisation destinée à financer une marque collective valorisant la pêche française, remplacera avantageusement la taxe.
Mais, il ne suffit pas de créer une marque, il faut la faire connaître. Parallèlement à des campagnes de communication, cette cotisation permettra également de financer des mesures en matière d’économie d’énergie et des actions favorisant une pêche durable.
Les adhérents Leclerc ont participé à la mise en place de ce projet. Ils sont animés par la volonté de soutenir les producteurs, comme ils l’ont fait pour les filières porcine ou laitière grâce aux marques Le Cochon de Bretagne ou le Lait de Bretagne.
Aujourd’hui, plus que jamais, c’est la pêche qui a besoin de l’aide de tous les maillons de la chaîne. Dont acte.
Jean-Michel Bordais
Adhérent E. Leclerc de Concarneau
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